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Cécilienne d'Ecuvillens - Avril 1935

Historique du choeur

Relater l'histoire de la Cécilienne à ses débuts s'avère une tâche assez difficile. Le manque de documents antérieurs à 1934 et l'absence de témoins directs obligent le chroniqueur à interpréter les faits historiques. Une chose est sûre: la société est plus que centenaire. Essayons de remonter le temps et de fixer quelques repères.

Les débuts

Vers 1870, un groupement déjà bien vivant était animé par les frères Page, Joseph, Pierre et Jean, par Pierre Clerc dit "à l'Antoine" de Corpataux, par les Chappuis dit "à l'avocat" de Magnedens et par quelques autres chantres d'Ecuvillens. Le directeur était M. Chappuis, instituteur, qui à l'âge de la retraite, reprit la poste d'Ecuvillens.

Dans les comptes et procès-verbaux de la paroisse, quelques indices prouvent l'existence de ce groupement. En date du 4 avril 1884, on peut lire: "augmentation de traitement de Fr. 10.- aux chantres d'église". De même, le 6 juin 1888: "à M. Maradan, instituteur, une dépense de Fr. 40.- pour l'année pour avoir mis son harmonium au service de l'église". Ce texte du 15 août 1890 ne laisse aucun doute quant à l'existence de ce groupement: "le poste de maître-chantre est mis au concours, par suite du décès du titulaire".

Le 7 septembre 1890, "M. Nicolas Gumy, seul candidat, est nommé maître-chantre avec un traitement de Fr. 150.- par année. Un don de Fr 10.- est fait aux jeunes chantres qui chantent en musique... pour les partitions". M. Nicolas Gumy était, semble-t-il, un bon ténor, puisqu'il avait chanté en soliste, le ranz des vaches à l'exposition universelle de Paris en 1889. Il ne resta pas longtemps à la tête de la société car, comme beaucoup de Fribourgeois, il dut s'exiler en France pour gagner sa vie.

Ce groupement semble s'essouffler quelque peu, voire disparaître, mais en 1897, M. Fridolin Maradan, instituteur à Ecuvillens, père de Mgr. Olivier Maradan, est nommé directeur, comme l'attestent, un an plus tard, les comptes de paroisse: "achat d'un harmonium d'occasion pour Fr. 500.-, pour mettre à l'église en remplacement de celui de M. Maradan, instituteur, marguillier et maître-chantre" (21 août 1898).

Un nouveau départ

M. Maradan recrute de nouveaux membres. Parmi eux, les trois frères Chavaillaz: Pacifique, Julien et Paul, les trois frères Page: Jean, Ernest et Paul, Eugène Pasquier, Joseph Magnin et Etienne Wicht, Denis Pittet, les frères Clerc de Corpataux. En ce temps-là, les messes se chantaient en latin à l'unisson et en plain-chant. Le 25 décembre 1901, M. Maradan donne sa démission de maître-chantre pour raison de santé. Il est remplacé par M. Julien Chavaillaz.

En 1903, la société participe à la 1ère fête des Céciliennes à Autigny et en 1905 à celle de Prez-vers-Noréaz.

Vers 1905, Denis Pittet, Joseph Magnin et Jean Page suivent les répétitions données par l'abbé Bovet. Entraînant quelques autres chanteurs, ils allaient à pied à Hauterive assister aux répétitions de l'abbé. Ainsi, en 1906, la "Cécilienne" assiste à la 1ère fête cantonale des chanteurs fribourgeois à Morat, et en 1907, à la 2ème fête cantonale des Céciliennes.

Une nouvelle paroisse

1907 est une date importante. Cette année-là, les fidèles et les chantres de Corpataux et de Magnedens quittent notre église pour former une nouvelle paroisse. L'abbé Bovet s'occupe plus particulièrement des chantres en leur prodiguant son appui et ses conseils pour les aider à s'adapter au renouveau liturgique demandé par le pape Pie X (Motu Proprio 1903). Les répétitions ont lieu à Hauterive. En 1909, la société participe à la fête des Céciliennes à Vuisternens-en-Ogoz, puis en 1912 à la réunion cantonale des Céciliennes à Fribourg.

Existence menacée

En date du 16 mars 1913, on peut lire dans les procès-verbaux de la paroisse: "mise en soumission de la place de maître-chantre". Il n'y a pas de candidat. Le groupement continue malgré tout son activité sous la conduite de Joseph Magnin. Il semble que l'abbé Bovet rende quelques services, quand il le peut! La guerre de 14-18 dut freiner l'activité de la société, mais on sait qu'en 1917, elle se rendit à Sachseln lors du pèlerinage organisé à l'occasion du 500ème anniversaire de St Nicolas de Flue.

La société s'organise

M. Léon Monney, nouvel instituteur, est nommé maître-chantre et organiste, le 2 septembre 1923. La société se choisit un comité, désigne un président - M. Joseph Magnin, syndic de Posieux -, recrute des membres passifs, invite les autorités à ses manifestations et à ses soirées annuelles qui seront vite renommées. Le nouveau directeur introduisit, durant l'hiver 1923-1924 l'étude d'une oeuvre à 4 voix, la messe de la Sainte Famille qui fut chantée pour la 1ère fois à Pâques 1924. Il exigea aussi l'étude du solfège, ce qui n'était pas une sinécure.
En 1921, la société participe à la 1ère réunion décanale de Farvagny, en 1924 à celle de Corpataux, puis celle d'Estavayer (1926) et de Neyruz (1928).

Le 1er drapeau

En avril 1928, M. le Curé Davet bénit la 1ère bannière arborant le Sacré-Coeur de Posieux. Le Parrain était M. Jacques Galley, président de paroisse et la Marraine, Mme Marie Magnin, mère du président de la société. M. Eugène Chenaux fut le premier porte-drapeau.

Les orgues

Pour remplacer l'harmonium et même les deux harmoniums - les jours de grande fête, on plaçait un second instrument; cela faisait, paraît-il plus de bruit que de musique! - la paroisse fit l'achat du vieil orgue de l'église catholique de Neuchâtel. Le 15 décembre 1929, M. Léo Kathriner, professeur à l'école normale, inaugurait l'instrument. Comme le témoignent les archives paroissiales, l'instrument montre vite des faiblesses dues à la traction pneumatique (en 1931 déjà!).

1929 - 1932 : période de transition

Nommé professeur à Estavayer-le-Lac, M. Léon Monney démissionne de sa fonction de directeur, en septembre 1929. M. Gustave Meyer, nouvel instituteur, le remplace pour un an et laisse sa place d'instituteur et de directeur à M. Benjamin Zamofing, à la fin de 1930. C'est aussi le départ du président Joseph Magnin, remplacé par Henri Maradan, puis par le Curé Davet. En 1931, la société organise la rencontre des Céciliennes décanales à Ecuvillens.

Les premiers statuts

Le 11 août 1932, la paroisse accueille son nouveau curé, M. l'abbé Joseph Schneuwly, qui devint aussi le président de la Cécilienne. Sous son impulsion, la société se dote de statuts approuvés et signés par tous les membres (35), le 15 février 1934. Dès lors, la société assume bien sa tâche paroissiale et décanale. De 1934 à 1989, elle participe aux 15 réunions des Céciliennes décanales.

Dette paroissiale

Le 14 mars 1943, la société organise un concert vocal avec l'abbé Pierre Kaelin et le Joli Choeur de Bercher. Le bénéfice intégral - Fr. 26.- - est versé en entier pour la rénovation de l'église ! A cette époque, la dette paroissiale dépassait les 100'000 francs (valeur de 1943)

Naissance du Choeur-Mixte l'Aurore

Dès 1942, un groupe de jeunes filles se constitue pour chanter les offices et remplacer les chantres mobilisés. Le 22 août 1943, ce groupement associe quelques chantres et devient le choeur-mixte l'Aurore.

Quelques dates

En 1948, la Cécilienne décerne le diplôme de membre d'honneur au chanoine Joseph Bovet, à l'occasion d'un concert donné à Posieux, avec ses Pinsons. Le 19 mars 1949, la population apprend le décès subit de l'abbé Schneuwly. M. l'abbé Renevey, nouveau curé, le remplace à la tête de la Cécilienne. En 1953, M. Jean Piccand inaugure les orgues transformées et rénovées. En 1955, la paroisse accueille son nouveau curé, M. l'abbé Defferrard, qui prend la présidence de la société. En 1961, M. Benjamin Zamofing donne sa démission et est remplacé par M. Joseph Chassot de Posieux.

Vatican II

En 1963, M. Roland Emery, nouvel instituteur à Ecuvillens, prend la direction du choeur. C'est le début d'une période de changements et d'incertitudes: renouveau liturgique demandé par le concile Vatican II, rôle de la Cécilienne durant les offices, répertoire religieux quasi inexistant en français, abandon partiel ou total du plain-chant. La tempête souffle dans plusieurs paroisses du canton. En 1964, la société participe à l'exposition nationale de Lausanne. En 1965, dans ce climat passionné, la société organise la rencontre des Céciliennes décanales à Ecuvillens. Signe des temps: la société y participe en deux formations: une pièce en choeur d'hommes et une autre en choeur-mixte. La Cécilienne - Mixte.
Le 24 décembre 1967, l'assemblée de la Cécilienne présidée par M. Marcel Galley décide d'accueillir le choeur-mixte l'Aurore. C'est la fusion des deux choeurs sous le nom de Cécilienne - Mixte. En 1970, la paroisse accueille son nouveau curé, M.l 'abbé Jean-Pierre Pittet.

Un nouveau drapeau

Le comité de la société, présidé par M. Albert Savary, confie la tâche de créer une nouvelle bannière à M. Teddy Aeby, artiste-peintre à Posieux. La Vierge de l'Assomption, patronne de la paroisse figure sur le nouvel emblème. Le 27 juin 1971, la Cécilienne-Mixte inaugure dans la joie son nouveau drapeau. M. Camille Galley a l'honneur d'en être le Parrain et Blanche Defferrard, la Marraine.

Quelques jalons

Trois événements marquent l'année 1975 : naissance du Petit-Choeur dirigé par Mme Ariane Chollet, 1er concert à l'église et arrivée d'un second directeur, M. René Gendre, nouvel instituteur. Cette collaboration durera jusqu'en 1983, date à laquelle M. Emery donne sa démission de directeur, mais garde sa fonction d'organiste. La Cécilienne-Mixte a la joie de participer à trois promenades à l'étranger: Rome (1976), Bruges (1986) et Florence (1989). En 1987, M. René Oberson inaugure le nouvel orgue et en 1988, on assiste à la naissance du choeur de jeunes "Anonymos".
En septembre 1990, pour remplacer M. Gendre, la société fait appel à un jeune directeur, M. Marc-Antoine Emery.

1893 - 1993 - 2093

M. Marc-Antoine Emery a la mission de conduire la société vers son 2ème centenaire.
Mais revenons un siècle plus tôt! M. Nicolas Gumy, probable directeur en 1893, imaginait-il que le groupe qu'il entraînait serait bien vivant 100 ans plus tard ?
Nous est-il permis de rêver à l'an 2093 ? La Cécilienne - Mixte sera-t-elle toujours présente, animant la vie paroissiale de nos descendants ?
Espérons-le. Seul le chroniqueur ou l'historien de cette fin du XXIème siècle pourra donner une réponse que nous n'entendrons jamais...
Roland Emery